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Actualités départementales

2 juin 2023

Le Pacte ou la grande tartufferie

Il y a quelques mois, le Président de la République avait promis une revalorisation historique du salaire des enseignants.

La définition du Larousse du terme «revalorisation» est : l’augmentation du montant des salaires pour tenir compte de l’érosion monétaire.

 

Soyons honnête, il va y avoir effectivement une revalorisation. La partie dite « socle » avec une augmentation indemnitaire pour tous, un accès facilité à la hors classe et la classe exceptionnelle et une amélioration du reclassement.

Soyez honnête et admettez que cette revalorisation est loin d’être historique, loin de rattraper le retard salarial des enseignants depuis 30 ans, et même loin d’être au niveau de l’inflation.

Une revalorisation en deçà de l’inflation revient à une baisse du pouvoir d’achat.

 

A grand coup de communication, le gouvernement fait croire à la société que les enseignants sont choyés et augmentés. Qu’enfin les enseignants vont être rémunérés à la hauteur de leurs responsabilités, de leur niveau d’étude, de leur importance auprès de notre jeunesse. Le gouvernement annonce des augmentations qui peuvent aller jusqu’à 500 euros par mois (socle + pacte).

C’est là que réside la tartufferie.

S’il apparaît clairement que les enseignants en général ne sortent pas gagnants de cette entourloupe,  certains perdent plus que d’autres : une fois de plus, ce sont les enseignants du premier degré. Avec leurs 27 heures par semaine, ils sont moins disponibles que ceux du second degré et ne pourront s’investir autant, notamment dans la brique la mieux rémunérée. D’autant qu’il leur faudra se déplacer vers le collège, ce qui représente un frein supplémentaire.

Contrairement à ce que propose le gouvernement, le SNE revendique, depuis plusieurs années, une reconnaissance financière de tout le travail invisible et déjà effectué par les enseignants du 1er degré.

Le SNE l’a dit, écrit et répété, les enseignants du 1er degré n’ont pas besoin de travailler plus. Ils exercent déjà de nombreuses missions non reconnues, ils courent après le temps et l’énergie, 44 heures par semaine en moyenne. 

Les enseignants du 1er degré ont besoin d’être rémunérés pour ce qu’ils accomplissent déjà. Ils le méritent.

Ce pacte va donc considérablement accroître les différences de salaire entre premier et second degré qui sont déjà, rappelons-le, de 300 euros en moyenne. Il augmentera également de facto les inégalités de salaire hommes/femmes puisque le premier degré est plus féminisé que le second. Bravo, deux inégalités en une seule mesure, c’est du grand art.

 

Mais la virtuosité ne s’arrête pas là : à la lecture du diaporama «Pacte enseignant» présenté par le ministère, le SNE relève plusieurs incohérences pour ne pas dire scandales.

Il est clairement noté que les enseignants de maternelle ne pourront pas se porter volontaires pour le dispositif « heures de soutien au collège ». Heures les mieux rémunérées…

C’est une preuve de la méconnaissance de notre ministère de ce qu’est un enseignant du 1er degré, susceptible et compétent pour enseigner dans les 3 cycles.

Ces heures de soutien au collège pour les sixièmes posent également 2 autres questions :

+ Si les élèves n’ont pas le niveau pour la sixième, pourquoi alors les faire passer au collège ?

+ Quid des animations pédagogiques ? Le mercredi après-midi, le samedi, le dimanche ?

 

Les directeurs d’école sont une fois de plus mis à contribution. Comment les arbitrages pourront se faire ?

Dernière petite remarque mais non des moindres : le diaporama précise l’accompagnement financier des encadrants pour les chefs d’établissement, les adjoints et les ien. Où sont les directeurs d’école ?

 

En résumé, l’administration, avec ce pacte, propose aux enseignants la possibilité de faire des heures supplémentaires plutôt bien rémunérées. Ceci n’est pas plus choquant que l’accompagnement éducatif, les stages de vacances voire même que les études municipales.

Cependant, la première arnaque, c’est que cela ne s’accompagne pas d’une partie « socle » suffisante pour améliorer le pouvoir d’achat des enseignants.

Néanmoins, le vrai scandale, la vraie hypocrisie, en bref la vraie tartufferie est de présenter ce pacte comme une revalorisation des enseignants.

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